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samedi 13 juin 2015

La plage naturiste (2)

Arrivés « sur site », c'était vraiment très impressionnant. Il devait bien y avoir ici deux cent personnes, clairement répartis en deux camps : les couples (hétéro, gay ou lesbiens), et les mateurs (des hommes uniquement, de tous âges).


Allongés sur le sable, de nombreux couples se prélassaient. La plupart profitaient simplement de la caresse du vent par cette journée déjà chaude. Quelques-uns se caressaient, mais sans grande ostentation. Les mateurs restaient à distance respectable, le sexe à la main. Vision dérangeante.

Un peu perdus et décontenancés, nous nous sommes installés un peu en retrait, loin de l'eau. De là nous avions une bonne vue sur l'ensemble du tableau. Juste en-dessous de nous, trois couples homosexuels se câlinaient discrètement. Parmi eux, un couple gay. Je l'avoue, c'était la première fois que je voyais deux hommes ensemble. Même si je n'ai aucune aversion pour l'homosexualité, je confesse que je m'attendais à être peut-être un peu « dérangé», mal à l'aise. Il n'en a rien été. J'ai au contraire été extrêmement surpris par la douceur des gestes, des caresses, bien loin des rares images croisées ici ou là sur internet, et qui véhiculaient une image de cette sexualité bien trop « brutale » pour moi. La tendresse transpirait dans chacun de leurs mouvements. Troublant, vraiment.

Un peu plus bas, un couple de notre âge avait attaqué les choses sérieuses. Madame avait pris son homme en bouche. Ce dernier semblait quelque peu anesthésié par la chaleur, car son membre avait visiblement un peu de mal à se dresser. Ou alors c'était dû à la douzaine d'affamés qui avaient convergé vers eux dès que leurs corps étaient entrés en contact ? Ces voyeurs s'affairaient sans honte, s'astiquant le membre devant les autres plagistes, indifférents. Je suis resté scotché par la scène quelques instants avant de réaliser : sur la douzaine d'hommes présents, la moitié avaient un sexe vraiment minuscule, tandis que les autres restaient mous. Une seule chose m'est alors venue en tête : « misère sexuelle ». Je me suis tourné vers ma moitié, visiblement aussi mal à l'aise que moi. Sans un mot nous nous sommes compris, avons rassemblé nos affaires pour reprendre la direction des dunes.

Dès que nous nous sommes levés, une douzaine d'hommes nous ont imité. Au-dessus de nous, un petit chemin sablonneux serpentait entre les taillis. Le long de ce sentier, au garde-à-vous, deux jeunes hommes en érection se masturbaient en souriant à ma moitié. Ils nous ont cédé le passage, puis emboîté le pas. J'étais de plus en plus nerveux et mal à l'aise, lorsque le chemin a enfin débouché sur une petite esplanade dégagée. Et là, le choc : une vingtaine d'hommes attendaient ; et dans un même élan, se sont levés en nous voyant arriver. J'ai alors pris ma compagne par la main, un peu paniqué je le reconnais, et ai lancé bien fort afin que tous entendent : « nous nous sommes trompés je crois ». Elle a bien vite fait demi-tour, et derrière nous la voie s'est ouverte. Visiblement déçus, tous nous ont cédé le passage sans mot dire. Un seul a osé braver ce que ma compagne a qualifié plus tard « de mine agressive » pour nous adresser la parole : « au revoir, c'est dommage, vous êtes ravissante ».

Bien vite revenus sur la plage, nous avons traversé la foule sans trop prêter attention à ce qui se passait ici. J'étais venu ici en curieux, je le reconnais, pour me « documenter » aussi sur le libertinage naturiste. Sans doute j'espérais y marier l'excitation à l'inspiration... Je n'y ai trouvé que dégoût et écœurement.

Avant de repartir, nous avons tout de même convenu d'aller boire un dernier verre. Nous avons trouvé un bar en plein air, au sein du complexe héliopolis, très sympathique. Toujours à demi-nus, nous avons sirotés nos limonades sous un soleil de fin d'après-midi bien agréable. Au moment de repartir, il a bien fallu se rhabiller : hors de question de revenir dans le monde « à poil ». Alors que nous changions en plein milieu de la rue, et que j'aidais Madame, toute nue contre notre voiture, à se débarrasser du sable (nd_Nico : je t'avais bien dit qu'il fallait te doucher, même si la douche était gelée !), une toute jeune femme est passée à côté nous : sourire charmant, dans les vingt-cinq ans, avec un T-shirt "I love libertinage". Elle a ri en nous voyant, nous a fait un petit coucou de la main avant de s'éloigner, non sans nous jeter de nombreux regards en arrière.

Finalement, ce sont donc la première et la dernière jeune femme entrevues dans cette journée qui auront été nos meilleurs souvenirs de cet endroit. Pour nous, le Cap d'Agde, c'est du béton avant tout, et du sexe qui n'a plus grand-chose à voir avec ce qu'on appelle « libertinage » ; plutôt une sorte de supermarché en fait.

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