Comment je suis devenu écrivain, assis à la table de la cuisine en pelant mes patates.

Il y a parfois des révélations surprenantes... Je suis devenu écrivain ! Si si, je vous assure, c'est même l'INSEE qui le dit...

J'écris depuis assez longtemps maintenant. Pourtant, à l'instar d'autres auteurs, je n'ai jamais eu le sentiment d'être écrivain. Je ne m'en sentais pas la légitimité. Comme si écrire n'y suffisait pas. Muse Muriel écrit dans sa présentation : « Auteur ? écriveuse tout au plus... ». Daniel Nguyen de son côté l'exprime de façon très similaire : « je ne suis pas écrivain, j'écris ; je suis et resterai un éternel amateur ».

Serait-ce présomptueux, lorsqu'on écrit, de se revendiquer écrivain ? Faut-il un certain niveau de qualité pour obtenir ce titre ? Atteindre un certain succès populaire ? Bref, je ne m'étais jamais posé cette question ouvertement : je n'avais aucune prétention, tout simplement. Je naviguais, armé de mon stylo plume, aux côtés des écriveuses et des amateurs qui écrivent.

C'est l'enquêteuse du recensement de l'INSEE qui, au chapitre de mon activité professionnelle, m'a forcé à trancher tout récemment :

- Avez-vous une autre activité rémunérée ?

Assis en face d'elle sur la table de la cuisine, je me suis trouvé bien bête. J'ai bredouillé. En fin de compte j'ai simplement répondu : « j'écris ». Il y a eu un blanc.

- Vous êtes écrivain ?

- Non, pas vraiment, j'écris, simplement.

- Mais vous touchez une rémunération pour ça ?

- Oui.

- Alors vous êtes écrivain.

- Mais je n'ai pas d'éditeur, j'écris juste, c'est tout.

- Peu importe que vous ayez un éditeur ou non, si vous êtes rémunéré pour cette activité alors vous êtes écrivain.

Me voilà donc, un soir de semaine ordinaire, devenu écrivain, assis à la table de la cuisine. J'ai regardé cette femme, bêtement, surpris. Elle venait de m'apprendre, très simplement, que j'étais devenu écrivain. C'est bête à dire, mais ça m'a fait un choc ;-).